
On se pose souvent la question : pourquoi s’embĂȘter Ă mĂ©moriser quand l’information est accessible en un clic ? AprĂšs tout, la mĂ©moire semble Ă©phĂ©mĂšre et demande un effort constant. L’Ă©ducation moderne elle-mĂȘme insiste davantage sur la recherche d’information que sur sa rĂ©tention. C’est un raisonnement qui se tient… mais qui occulte l’essentiel.
Et si la mĂ©morisation n’Ă©tait pas un fardeau, mais la clĂ© pour libĂ©rer votre crĂ©ativitĂ©, dĂ©velopper votre intelligence et renforcer votre confiance en soi ? Bien au-delĂ de la simple accumulation de faits, apprendre Ă mĂ©moriser vous permet de comprendre comment votre propre cerveau fonctionne, une compĂ©tence que l’on appelle la mĂ©tacognition.
Pour le prouver, nous allons explorer une observation fascinante sur les techniques de mémorisation rendue populaire par Tony Buzan, le créateur du mind mapping.
L'effet Tony Buzan : une observation rĂ©pĂ©tĂ©e đ§

Bien qu’il n’existe pas d’Ă©tude scientifique rigoureuse de Tony Buzan sur la mĂ©morisation de lâordre des planĂštes, il a constatĂ© Ă maintes reprises l’efficacitĂ© de la mĂ©thode des liaisons lors de ses ateliers.
Prenons l’exemple de la mĂ©morisation de l’ordre des planĂštes (Mercure, VĂ©nus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune). La technique consiste Ă crĂ©er une histoire en reliant chaque planĂšte Ă la suivante par des images mentales vives, exagĂ©rĂ©es et souvent humoristiques.
Je vous fais vivre cette expĂ©rience dans cette vidĂ©o si vous ĂȘtes curieux :
Voici ce qu’on observe gĂ©nĂ©ralement :
RĂ©tention Durable : Les apprenants retiennent l’information beaucoup plus longtemps.
Motivation Accrue : La surprise de pouvoir mémoriser rapidement et sans effort génÚre un enthousiasme visible.
Engagement Profond : La nĂ©cessitĂ© de visualiser et d’interagir mentalement avec chaque Ă©lĂ©ment force un engagement actif.
Confiance en Soi : Constater que l’on est capable de performances mnĂ©moniques « impossibles » dĂ©veloppe une forte confiance en ses propres capacitĂ©s d’apprentissage.
Ces rĂ©sultats illustrent comment des techniques simples peuvent transformer la perception de l’apprentissage. Tony Buzan a fait une observation surprenante : dans les questionnaires posĂ©s en amont, de nombreux participants ont dĂ©clarĂ© n’avoir aucun intĂ©rĂȘt pour l’astronomie. Pourtant, aprĂšs avoir utilisĂ© la technique de liaison, ces mĂȘmes personnes ont manifestĂ© un intĂ©rĂȘt et une curiositĂ© pour la planĂ©tologie.
Il semblerait que le simple fait d’avoir une connaissance de base, mĂȘme sur un sujet qui nous Ă©tait indiffĂ©rent, ait suffi Ă Ă©veiller un dĂ©sir d’en savoir plus. C’est une illustration parfaite du principe selon lequel la connaissance appelle la connaissance.
La chambre rangée de votre cerveau
Comment expliquer un tel phĂ©nomĂšne ? Eh bien, c’est simple : le cerveau est attirĂ© par ce qu’il connaĂźt dĂ©jĂ et par l’ordre !
Prenons un exemple concret. Vous ĂȘtes tranquillement dans votre salon et vous apercevez une bande dessinĂ©e qui traĂźne par terre. Vous la saisissez, avec l’intention de la ranger dans la chambre de votre enfant.
Dans le monde A,
Vous arrivez devant la chambre, et c’est un vĂ©ritable dĂ©sastre !

Des vĂȘtements jonchent le sol, des jouets sont Ă©parpillĂ©s, et la piĂšce ressemble Ă un champ de bataille. Ă quoi bon ranger cette BD dans ce fatras ? Autant la jeter sur le tas, au risque de ne plus jamais la retrouver, car elle serait « mangĂ©e » par le chaos ambiant.
Dans le monde B, Vous arrivez devant la chambre. Elle est impeccable !
Les livres sont alignĂ©s sur les Ă©tagĂšres, les jouets sont rangĂ©s dans leurs bacs, et le lit est fait. Face Ă cette belle piĂšce bien ordonnĂ©e, vous n’avez pas envie de jeter la BD n’importe oĂč. Au contraire, cette organisation vous incite Ă la mettre Ă sa place, sur la troisiĂšme Ă©tagĂšre en partant de la gauche.

C’est exactement la mĂȘme chose pour chaque information que vous rencontrez dans une journĂ©e. Si vous percevez votre cerveau comme un amoncellement dĂ©sordonnĂ© de connaissances, il y a fort Ă parier que vous n’aurez pas envie d’y mĂ©moriser quoi que ce soit de plus. Pourquoi apprendre quelque chose que vous ne pourrez pas retrouver par la suite ? Votre cerveau, tout comme vous, sera dĂ©couragĂ© par le chaos.
D’accord, c’est bien beau, mais peut-on vraiment organiser ses connaissances de telle sorte qu’il serait possible de « naviguer Ă l’intĂ©rieur comme dans une bibliothĂšque » ?
Techniquement, ce n’est pas tout Ă fait possible. Le cerveau n’est pas une bibliothĂšque. Notre mĂ©moire est dite reconstructive, c’est-Ă -dire qu’Ă chaque fois que l’on se remĂ©more un souvenir, on le reconstruit littĂ©ralement, un petit peu diffĂ©remment Ă chaque fois. On ne peut pas accĂ©der Ă ses souvenirs comme en se repassant un vieux film.
Mais c’est justement le principe des techniques dites mnĂ©motechniques (du grec Mnemos, la mĂ©moire… ah, les Grecs et leurs techniques ! On en reparlera dans ce blog). Elles nous permettent de « tricher » avec notre cerveau. En y ancrant des images suffisamment fortes et des liens logiques, nous crĂ©ons des repĂšres qui, mĂȘme si le souvenir est reconstruit, le sont avec assez de similitude pour en faire des souvenirs Ă long terme, fiables et accessibles.
La richesse de la mĂ©moire interne đĄ

Apprendre donne envie d’apprendre plus sur ce qu’on a appris !
MĂȘme si l’on est capable de dĂ©crire des super prompts pour demander Ă ChatGPT de rĂ©pondre pour nous, cela ne remplacera jamais la motivation et le dĂ©sir d’enrichir ses connaissances qui naĂźt de l’apprentissage actif.
Un smartphone ou toute mĂ©moire externalisĂ©e ne permettra jamais Ă votre cerveau de relier les connaissances entre elles pour en faire Ă©merger de nouvelles idĂ©es. C’est le pouvoir de la connexion interne, des associations spontanĂ©es qui se produisent lorsque notre cerveau est richement dotĂ© d’informations stockĂ©es et organisĂ©es.
Sans le dĂ©veloppement de votre propre mĂ©moire sĂ©mantique (celle qui contient nos connaissances gĂ©nĂ©rales), nous ne permettons pas Ă notre cerveau de libĂ©rer suffisamment sa mĂ©moire de travail pour manipuler ces informations et en faire quelque chose de nouveau. Un cerveau qui n’a pas besoin de « chercher » constamment des informations basiques peut se concentrer sur des tĂąches de plus haut niveau : analyser, synthĂ©tiser, crĂ©er, innover.
En enrichissant votre mĂ©moire, vous ne faites pas qu’accumuler des faits ; vous construisez un rĂ©seau neuronal plus dense et plus performant, capable de crĂ©er des liens inattendus et de gĂ©nĂ©rer une intelligence vĂ©ritablement unique.
Pour approfondir, explorez les vidĂ©os de cette playlist YouTube đ
Bon visionnage et surtout n’oublier pas de le retenir đ
Frédéric